Axelle Kabou le disait, « le sous-développement de l’Afrique n’est pas dû à un manque de capitaux. Il serait naïf de le croire. Pour comprendre pourquoi ce continent n’a cessé de régresser, malgré ses richesses considérables, il faut d’abord se demander comment cela fonctionne au niveau micro-économique le plus élémentaire : dans la tête des africains. » .
Bonjour chers lecteurs, cela fait un long moment que nous n’avons plus eu l’occasion d’échanger entre nous. Je sors de ma tanière en ce début de mois d’août parce que le mot « développement » utilisé à tort et à travers commençait à me sidérer. Ah, le développement en Afrique, combien de forums, de conférences internationales et d’activités n’y a-t-il pas eu sur cette thématique ? Les ONG, les associations et les collectivités locales se gavent de financements rien qu’en évoquant ce besoin de se « développer ».
(Crédit image : ndjamena-matin.overblog)
Bon, genre l’Afrique ne peut se développer qu’à travers la manne financière des institutions occidentales ô combien généreuses et compatissantes? Je n’utiliserai pas de gros mots dans mon billet, mais n’est-ce pas ce qu’on pourrait nommer une « foutaise » ? La question que je me pose depuis quelques années déjà est ceci, « le développement c’est quoi ? Les infrastructures, la bonne gestion, la mise en application de principes démocratiques ou l’évolution des mentalités en général ? Pourrait-on ne pas avoir des milliards dans sa caisse mais être considéré comme un pays développé ? Compliqué de répondre en un mot à ces questions, et voilà tout le problème.
Les critères d’un pays développé sont « décidés » , point barre. Il y a quelques années, c’était les ajustements structurels, ensuite cette parodie de PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) et aujourd’hui c’est cette comédie musicale de Pays Emergeants. Nous prenons tout ce qu’on nous vend, et voilà quoi ! Comme le dirait un ivoirien, « franchement, nous pays africains là, nous sommes comment même ? ».
Dans ce billet, j’ai décidé d’aborder des propositions et suggestions concernant le développement en Afrique. Et si nous étions nous-mêmes la solution à ce problème qui n’a fait que trop durer ? Je ne parle point des dirigeants que nous avons en Afrique, je parle de chaque individu africain, toi, moi, nous.
Comment pouvons-nous nous développer si :
Nous cultivons si bien le retard dans tout rendez-vous quel qu’il soit ?
Nous ne respectons pas le code de la route, et faisons des misères à ceux qui le respectent ?
Nous pensons qu’il n’y a que les diplômes qui font et prouvent la compétence d’une personne ? (le propre de l’Afrique noire francophone)
Nous n’avons pas le sens de la gestion et de l’optimisation de l’énergie dans nos entreprises, alors que nous en manquons toujours dans nos ménages?
La corruption est devenue la règle dans nos administrations et entreprises ?
Il y a autant de fuite de capitaux?
Que ce soit en Afrique Anglophone ou Francophone, nous avons des problèmes similaires même si nous remarquons tous que dans certains domaines comme l’entrepreneuriat, l’innovation technologique ou encore dans l’optimisation des ressources, l’Afrique Anglophone semble en avance.
Pendant que le Togo est le pays le plus affecté par l’évasion fiscale sur 42 pays africains (les flux financiers illégaux représentent 76.3% du PIB, 2439.9% du budget en matière d’éducation et 1088.7% du budget de santé), les pays riches sont réfractaires à l’instauration d’un organe international pour lutter contre l’évasion fiscale, et cette réticence s’est faite remarquer (sans aucune honte d’ailleurs) à la dernière conférence à Addis-Abéba sur le développement du 13 au 16 juillet 2015. Lorsque certains Etats africains comme le Sénégal, le Congo ou le Rwanda ne sont pas assez vigilants dans leurs relations économiques avec les multinationales et les institutions financières, on se retrouve devant des situations pareilles. Le développement que doit connaître l’Afrique ne dépend plus seulement des africains (fort malheureusement), mais avec une meilleure gestion et optimisation des ressources disponibles, une intégrité et une culture éthique étatique, nous pouvons avoir des réserves et ainsi pouvoir contrôler nos ressources financières. Aussi faut-il ajouter qu’avec l’éthique et le bon sens comme valeurs partagées, nous n’aurons plus à “prier” un Président de la République de respecter un certain nombre d’années raisonnable (10 ans c’est-à-dire deux(02) mandats) durant son exercice au pouvoir, les principes démocratiques seront respectés tout simplement.
Obama, Obama, et alors ?
Je ne comprends pas du tout ces africains qui réclament un dû à Barack Obama, ou encore qui l’accusent d’être passif dans le développement de l’Afrique. Après sa visite au Kenya, j’écoutais l’émission Appels sur l’actualité de Juan Gomez sur RFI, et un auditeur africain semblait remonté contre le Président américain. Pourquoi ? Monsieur se plaignait de l’omission dans le discours d’Obama de la forte migration des africains vers l’Europe. Non mais franchement, Obama en a quoi à foutre ? (excusez-moi le terme chers lecteurs). Il est le Président des Etats-Unis, il a du sang africain qui coule dans ses veines, et alors? Va-t-il venir développer notre continent à notre place ? Non mais ça va pas ou c’est la réflexion qui nous fait défaut dans nos analyses ? Lorsque certaines personnalités tiennent de tels discours, je me demande si elles s’entendent parler. C’est aux autres de s’investir dans le développement de notre continent ? Nous-mêmes nous servons à quoi ? A encaisser les millions de dollars et d’euros que les bailleurs nous envoient pour un développement qu’on ne voit presque pas ? Ou c’est entre 2030 et 2050 que le développement apparaîtra subitement comme par enchantement ?
Après cette période, ce ne sera plus « émergence » mais un autre terme bien ficelé qui se pointera à l’horizon, « ascension » peut-être ?

(Crédit image : info-afrique.com)
Pendant qu’ils pensent au nouveau programme de développement (vous savez bien à qui je fais référence), il serait temps que nous travaillions sur nos valeurs, ces petites choses qui au fil des années forgent des personnes respectables et respectueuses. Regardez où en sont les japonais aujourd’hui, suivez de près le comportement des japonais quand vous faites quelques semaines dans leur pays. Le mot « développement » là, vous pensez que c’est chargeur mobile et vous allez transporter des actions faites ailleurs, les plaquer dans un document nommé “Vision Emergence” ou “Plan Emergent”, et crier à tue-tête qu’avec les sections qui y sont décrites tout va aller pour le mieux aussitôt dit ? Les pays comme le Gabon, le Sénégal, le Togo, la Côte d’Ivoire, pardon hein, même avant que ventilo ne marche là, il y a tout un mécanisme enclenché quand on appuie le bouton, vous avez compris ? Le développement ne passe pas seulement par les infrastructures ou les ponts érigés en échangeurs (je ne sais même pas comment appeler ces ponts).
Pour ma part c’est du superflu. On aura beau avoir des immeubles jolis jolis comme l’ex World Trade Center, des routes mignonnes mignonnes et sans trous apparents comme les candidates à Miss Monde, sans l’éradication de la corruption dans nos administrations, sans la bonne gestion des ressources dont nous disposons, sans le respect des règles éthiques et de bon sens (franchement, jetons nos ordures dans les poubelles, cela ne nous coûte rien et rien du tout), sans une bonne éducation de la jeunesse, sans une allocation financière pour les recherches dans nos universités publiques et le renouvellement des enseignements aux étudiants, sans une allocation financière conséquente pour nos institutions sanitaires et nos hôpitaux (cela permettra d’ailleurs de faire revenir beaucoup plus de médecins de la diaspora si nos systèmes de santé ont du plomb dans les ailes), et sans la culture de l’intégrité dans toutes nos actions et nos prises de décision, nous ne sommes pas près de nous développer les amis, et ce n’est pas 2025 ou 2035 qui va arranger quoi que ce soit dans nos habitudes si nous ne nous y mettons pas nous-mêmes dès maintenant. Nous avons de bonnes idées certes, mais nous savons que pour les mettre en valeur il faudra se battre contre tout un système. Soit nous voulons nous développer et nous mettons toutes les chances de notre côté via des moyens de pression, soit nous voulons demeurer des pays “quémandeurs”.
C’est très vrai que nous nous référons souvent à nos dirigeants et que nous attendons d’eux plus de décisions responsables, mais ils ne feront pas tout, nous sommes une nation et c’est la conjugaison de tous nos efforts qui fera développer l’Etat dans lequel nous sommes. Et si vous attendez que ce soit un Obama qui vienne vous le faire ou vous aide à le faire, autant attendre la venue du Christ. Restons les bras croisés, ne changeons pas nos habitudes, ne travaillons pas sur nos valeurs et le développement viendra à nous par la bonté des Occidentaux, inchallah.
Si vous avez des idées ou des critiques constructives, n’hésitez pas, du moment où cela peut aider à une prise de conscience.
Salam.